Éditorial

À chaque jour son drame

Cette fin d’année va laisser de la peine et de la tristesse dans le cœur de beaucoup d’entre nous. Les drames personnels ou collectifs se multiplient en cette fin 2020 qui devrait être une période de réjouissances. Les pleurs remplacent le sourire sur des visages. Les soirées festives laissent la place aux funérailles des victimes de l’insécurité. Les détonations des armes de tout calibre remplacent le son des pétards.

Port-au-Prince et d’autres villes du pays ne sont pas à la fête tant les mauvaises nouvelles sont nombreuses. Seulement pour cette semaine, il y a non seulement le phénomène du kidnapping qui continue de faire des victimes, mais aussi les assassinats spectaculaires, parfois en plein jour, qui donnent un goût amer à cette fin d’année 2020. Comme si cela ne suffisait pas, le drame qu’on dirait de trop a été enregistré ce matin dans un hôtel à Delmas 19. Au moins trois morts ont été recensés dans des circonstances non encore élucidées. À cela, il faut ajouter les batailles entre gangs rivaux ou entre quartiers qui font souvent des victimes au sein de la population civile. C’était le cas cette semaine à Bel-Air où des riverains ont été tués par des membres d’un gang d’un quartier limitrophe. À la Croix-des-Bouquets, le groupe armé 400 mawozo a aussi tué, jeudi, au moins trois personnes qui vaquaient à leurs occupations dans le quartier de Bellanton.

Ce que le pays vit ces derniers jours, ce n’est pas une fatalité, mais ce sont les conséquences de nos manquements dans la prise en charge de la population. S’il y a des quartiers de non-droit, c’est parce qu’ils n’ont pas été pensés. Au cours des trois dernières décennies, beaucoup de quartiers ont été construits en dehors des normes. Ce qui fait l’affaire aujourd’hui des bandes armées. En plus, l’État, à travers les différentes administrations qui se sont succédé, n’avait pas jugé bon d’y avoir une présence. Comme la nature a horreur du vide, les gangs ont occupé les espaces pour notre malheur.
L’État n’a pas seulement failli à sa mission de planifier les villes, il n’a pas su non plus respecter le droit à l’éducation de tous les enfants. En plus, une bonne partie de ceux qui ont la chance de fréquenter l’école reçoivent une formation au rabais qui ne leur permettra pas de se mettre au service du pays. Voilà l’une des causes de nos malheurs à laquelle tout gouvernement qui veut mettre fin durablement à l’insécurité doit s’attaquer.

Il est une nécessité pour la police de renforcer sa présence dans les rues et que les forces de l’ordre démantèlent les gangs qui sèment le deuil au sein de la population. Il est aussi une nécessité que l’État s’attaque aux causes de nos drames, notamment avoir une présence sur tout le territoire et offrir la possibilité à tous les enfants de fréquenter l’école pour qu’ils deviennent des citoyens demain. En fréquentant l’école, les enfants doivent apprendre à lire et à écrire, mais aussi à habiter le pays comme membres d’une même nation. Ce qui manque énormément à cette génération.

 

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