Publié, le mardi 5 novembre 2024 à 9h 21 am
À quelques jours de la présidentielle américaine du 5 novembre 2024, la question de l’immigration est devenue un enjeu central de la campagne. Le débat, exacerbé par des discours politiques marqués par une fermeté sans précédent, suscite de profondes inquiétudes parmi les communautés immigrées. Tant les positions de Donald Trump que celles de Kamala Harris témoignent d’un durcissement du ton et des politiques envisagées en matière d’immigration. Les migrants, en particulier ceux d’origine africaine et haïtienne, se retrouvent au cœur d’une campagne qui les place sous une pression croissante, exacerbant l’angoisse de ceux qui, bien que citoyens américains, redoutent une discrimination accrue.
- Une Fermeté Affichée des Deux Candidats
La position de Donald Trump est sans équivoque : il envisage une opération d’expulsion massive qui mobiliserait l’armée, la qualifiant de “plus grande opération d’expulsion nationale de l’histoire américaine”. Ce discours inquiète les communautés étrangères, particulièrement en raison des menaces d’actions agressives, telles que les expulsions de domicile en domicile. Cette perspective laisse beaucoup de familles immigrées, notamment celles d’origine africaine et haïtienne, dans un état d’angoisse, comme le souligne David Monda, chercheur en sciences politiques à l’université de New York. Il estime que, quelle que soit l’issue de l’élection, un durcissement de la politique migratoire est à prévoir, bien que Trump semble prêt à pousser cette approche bien plus loin que son adversaire démocratea position de Kamala Harris, candidate démocrate, n’apporte pas non plus de répit pour les migrants. En tant que vice-présidente sous Joe Biden, Harris a supervisé les dossiers migratoires, adoptant elle aussi une politique de fermeté. Elle a soutenu la mise en place de quotas et de mesures pour réduire les passages clandestins, déclarant que la frontière sud pourrait être fermée si le seuil de migrants illégaux dépassait un certain niveau . Les pr par Harris au sujet des migrations inquiètent également une partie de la diaspora africaine, qui espérait une politique d’accueil plus ouverte.
- Des Discours Qui Attisent la Peur et la Colère
La rhétorique de Donald Trump est particulièrement critiquée pour ses propos jugés racistes et dégradants envers les minorités. Kefa M. Otiso, professeur de géographie et spécialiste des migrations internationales, explique que les commentaires de Trump vont au-delà de l’immigration : ils créent une stigmatisation raciale, même pour les immigrés naturalisés. Les propos du candidat républicain, qualifiant les Mexicains de “violeurs et de trafiquants de drogue” et accusant les Haïtiens de “manger les animaux de compagnie”, sont des exemples de cette tendance. Ces déclarations ont non seulement choqué, mais ont aussi renforcé un sentiment de méfiance et de peur au sein de la communauté immigrée .
- Une Diaspine Sous Tension
Les communautés africaines et haïtiennes vivant aux États-Unis, conscientes des conséquences potentielles d’une administration Trump, voient la situation avec appréhension. Mamadou Dramé, président de l’Association des Sénégalais d’Amérique, a exprimé le sentiment d’angoisse partagé par de nombreux Africains de la diaspora. Selon lui, une victoire de Kamala Harris offrirait un soulagement, permettant à ceux engagés dans des démarches d’immigration ou de demande d’asile de poursuivre leur processus sans craindre un durcissement des politiques. La peur d’être séparé de sa famille ou de devoir quitter un pays où l’on s’est construit une vie est une préoccupation bien réelle pour ces populations .
- Un Climat de Méfiancertitude
Avec la montée de discours radicaux et la possibilité d’un virage politique à droite, les communautés immigrées anticipent une période de fortes incertitudes. Les récentes déclarations de Trump, ainsi que les prises de position de Harris, montrent qu’aucun des deux candidats ne semble prêt à adopter une approche d’ouverture et de compréhension face à la crise migratoire. L’inquiétude se mêle alors à la confusion, laissant les immigrés dans une situation de vulnérabilité accrue, quelles que soient leurs démarches ou leur statut.
Enfin, la présidentielle américaine de 2024 s’annonce donc décisive pour les populations immigrées aux États-Unis. Face à des positions politiques de plus en plus fermes, voire hostiles, ces communautés doivent affronter une campagne qui, au lieu de favoriser l’inclusion et la tolérance, exacerbe les divisions. Qu’il s’agisse des déclarations de Trump ou de la fermeté affichée par Harris, la campagne met en lumière une société américaine divisée, où les immigrants sont pris entre deux feux.
Cette élection aura sans nul doute un impact majeur sur la vie de millions de familles d’origine étrangère, à qui il ne reste qu’à espérer une future politique migratoire plus humaine et inclusive.
- Sources :
- RFI, “Présidentielle américaine : la violence des propos sur l’immigration inquiète les communautés d’origine étrangère”.
- Florence Morice, RFI, “La question migratoire s’invite dans la campagne électorale”.
- AFP, “Manifestation de migrants d’origine haïtienne à Boston”.
- Wally Diallo, RFI, “Interview de Mamadou Dramé, président de l’Association des Sénégalais d’Amérique”.
Me. Wadson ALIX, av.
Rédacteur en chef
Areanews Média